Depuis plusieurs années, l’est de la République démocratique du Congo fait face à une crise armée complexe impliquant l’armée congolaise (FARDC), des milices locales, et surtout le groupe rebelle M23/Alliance Fleuve Congo (AFC). Ce conflit — enraciné dans des décennies de tensions politiques et ethniques, d’intérêts géopolitiques régionaux et de ressources naturelles — a connu une importante escalade en 2025. Malgré des tentatives diplomatiques de paix, notamment un accord signé début décembre à Washington entre la RDC et le Rwanda, les hostilités continuent de s’intensifier.
Situation militaire actuelle
1. Chute et consolidation d’Uvira
Le principal événement du moment est la prise du contrôle de la ville stratégique d’Uvira par le M23, située dans la province du Sud-Kivu, à la frontière avec le Burundi. Selon plusieurs agences, les rebelles auraient consolidé leur présence, rendant la ville quasiment indisponible pour les forces gouvernementales. Ce succès constitue un coup dur pour l’accord de paix récemment signé à Washington, car il montre que les combats continuent malgré les engagements publics des parties à désarmer.
Conséquences immédiates
Burundi a fermé temporairement sa frontière terrestre avec la RDC par crainte d’une extension des combats sur son territoire.
Les forces gouvernementales congolaises nient parfois l’ampleur de la défaite, qualifiant certaines affirmations rebelles de tentatives de désinformation.
Bilan humain et crise humanitaire
2. Victimes civiles nombreuses
Les autorités régionales et humanitaires rapportent que la violence a causé de lourdes pertes civiles. On estime qu’au moins 400 civils ont été tués ces derniers jours dans les zones de combat autour d’Uvira et dans d’autres secteurs du Sud-Kivu, malgré les appels internationaux au cesse-le-feu.
3. Déplacements massifs et urgence humanitaire
Les violences ont déclenché une crise humanitaire majeure :
D’après l’ONU, plus de 500 000 personnes ont été déplacées depuis le début de décembre, cherchant refuge à l’intérieur du pays ou dans les pays voisins, notamment le Burundi et le Rwanda.
L’Organisation des Nations unies (OCHA) signale des interruptions de la distribution d’aide alimentaire et des difficultés d’accès pour les travailleurs humanitaires, aggravant l’insécurité alimentaire dans la région.
Diplomatie et réactions internationales
4. Accord de paix fragilisé
Un accord de paix médias à Washington début décembre entre la RDC et le Rwanda devait renforcer un cesse-le-feu et mettre fin aux hostilités. Cependant :
Le M23 n’était pas partie à cet accord, ce qui limite son efficacité immédiate sur le terrain.
Les combats se poursuivent, remettant en question la capacité de l’accord à produire un arrêt durable des violences.
5. Appels à la désescalade
Des acteurs internationaux, dont le Secrétaire général de l’ONU, ont appelé à un cesse-le-feu immédiat et à l’application effective des dispositions des accords de paix. Ils ont aussi souligné le risque d’une « conflagration régionale » si les hostilités ne diminuaient pas rapidement.
6. Accusations croisées avec le Rwanda
Kinshasa affirme que le Rwanda soutient le M23, accusations que Kigali continue de nier. Ces allégations alimentent des tensions diplomatiques persistantes.
Perspectives à court terme
7. Scénarios possibles
Extension des combats vers d’autres localités du Sud-Kivu, voire vers des zones frontalières si les forces rebelles poursuivent leur progression stratégique.
Pression internationale accrue pour impliquer directement le M23 dans un processus de paix ou imposer des mesures de désescalade.
Besoin humanitaire urgent, avec un renforcement des appels des agences internationales pour des convois humanitaires sécurisés.
Contexte historique et enjeux
Pour comprendre les racines de ce conflit, il faut garder à l’esprit :
Le M23 est un groupe rebelle formé en 2012 à partir d’anciens combattants issus d’accords de paix précédents, qui a repris les armes en 2021.
L’est de la RDC est une région très riche en ressources naturelles (minerais, métaux rares), ce qui rend la dynamique du conflit à la fois politique, économique et sécuritaire.
Le soulèvement actuel fait suite à une longue série de tentatives diplomatiques, y compris des accords régionaux précédents et des négociations en Angola et à Washington.
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