Uvira tombe

Publié le 12 décembre 2025 à 04:35

Preuve éclatante de l’implication rwandaise et du fiasco de l’accord de Washington.

La prise d’Uvira par le M23, survenue à peine quelques jours après les discussions de paix à Washington, constitue une démonstration brutale : le Rwanda n’a jamais cessé d’orchestrer la déstabilisation de l’est du Congo, et l’accord fraîchement signé n’était qu’un écran de fumée.

Une offensive qui démasque Kigali

Les combattants du M23 ne se sont pas contentés de progresser : ils ont balayé une position stratégique qui aurait nécessité des moyens militaires considérables. À Uvira, comme à Goma quelques mois plus tôt, les mêmes schémas apparaissent :

  • matériel sophistiqué,

  • discipline militaire avancée,

  • manœuvres coordonnées,

  • communication professionnelle.

Autant d’éléments qui ne relèvent pas de petites milices locales mais d’une armée étatique entraînée, identifiée depuis des années par de nombreux rapports onusiens comme étant l’armée rwandaise (RDF).

Pour de nombreux Congolais, cette nouvelle défaite militaire n’a rien d’une surprise : « Ce n’est plus une rébellion, c’est le Rwanda qui avance sous un autre nom », résume un analyste militaire basé à Bukavu.

Washington piégé ou complice ?

La chronologie est accablante.
Le président Trump accueille Tshisekedi et Kagame, annonce en grande pompe un accord de paix, promet un engagement américain… et quelques jours plus tard, le Rwanda, via le M23, s’empare d’Uvira.

L’échec est d’autant plus flagrant que Kigali n’a même pas pris la peine de dissimuler son mépris pour l’accord. L’offensive sur Uvira avait probablement été planifiée bien avant les réunions diplomatiques aux États-Unis.

Pour une partie de l’opinion congolaise, Washington s’est fait manipuler ; pour une autre, il a fermé les yeux volontairement afin de préserver ses intérêts stratégiques avec Kigali, notamment en matière de sécurité et de minerais critiques.

Une humiliation pour Kinshasa

Uvira était la dernière grande ville du Sud-Kivu sous contrôle gouvernemental. Sa chute confirme la faiblesse dramatique de l’armée congolaise (FARDC), livrée à elle-même, sous-équipée et minée par la corruption interne.

Mais elle symbolise aussi une rupture :
le gouvernement congolais n’a plus la maîtrise du Kivu, et c’est désormais le Rwanda qui dicte le tempo militaire et politique dans la région.

La population locale, elle, paie le prix fort. Exodes, pillages, viols, panique généralisée : chaque avancée du M23 s’accompagne d’un effondrement complet du système social local.

Kigali avance, la communauté internationale regarde

Malgré des années de preuves, d’images satellites, de rapports d’experts et de témoignages de terrain, aucune sanction internationale réelle n’a été appliquée contre le Rwanda.
Pire : Kigali continue de bénéficier de partenariats économiques puissants avec les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Pendant ce temps, les rebelles étendent leurs positions, les civils fuient, et la RDC s’effondre morceau par morceau.

Un conflit devenu occupation

Avec la prise d’Uvira, un cap symbolique est franchi.
Ce n’est plus une simple rébellion : c’est une occupation territoriale, méthodique, assumée, progressive.

La question que beaucoup posent désormais est claire :

Combien de villes devront encore tomber pour que la communauté internationale cesse de protéger Kigali et reconnaisse enfin la responsabilité directe du Rwanda dans la guerre à l’est du Congo ?

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