Prise d'UVIRA

Publié le 10 décembre 2025 à 21:17

Pour beaucoup, l’accord apparaît désormais comme un simple « accord de papier », mais nous gardons l’espoir que les États-Unis tiendront leurs engagements.

L’accord de paix signé à Washington déjà mis à mal — la chute d’AFC/M23 à Uvira illustre l’échec immédiat

Il y a six jours, les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda) ont signé à Washington un accord de paix encadré par les États-Unis — un moment présenté comme un tournant pour la paix dans l’est de la RDC. Mais cet optimisme diplomatique demeure fragile : dès cette semaine, l’AFC/M23 a repris sa progression, s’emparant de la ville stratégique d’Uvira.llpp

la prise d’Uvira

Ce matin, l’AFC/M23 est entrée dans Uvira en deux colonnes, selon des habitants cités par Reuters.

La première colonne a visé la frontière entre la RDC et le Burundi, la seconde la mairie de la ville, dans le sud d’Uvira.

L’entrée s’est faite « sans la moindre résistance » — la veille, les militaires congolais présents dans la zone, ainsi que leurs alliés locaux (dont les « Wazalendo »), se sont repliés.

Le porte-parole de l’AFC/M23 (nommé dans vos informations) a revendiqué la « libération » de Uvira sur X, appelant les civils ayant fui à revenir.


Conséquences humanitaires et géopolitiques immédiates

Le basculement de contrôle à Uvira provoque une nouvelle vague de déplacements : des milliers de civils fuient vers le Burundi.

Pour de nombreux observateurs, la chute d’Uvira représente un « doigt d’honneur » à l’accord signé à Washington — un signe qu’en dépit des engagements formels, la dynamique militaire prévaut sur la diplomatie.


Pourquoi l’accord de paix n’a-t-il pas freiné l’avancée de M23 ?

Un texte insuffisant — ou mal appliqué

L’accord signé en juin (ratifié début décembre) prévoyait le retrait des forces rwandaises du territoire congolais, le respect de l’intégrité territoriale, un mécanisme de sécurité conjoint, ainsi qu’un cadre d’intégration économique et sécuritaire. Toutefois, il ne mentionnait pas explicitement le désarmement des groupes rebelles comme M23 — ces derniers n’étaient pas signataires du texte, ce qui limite les obligations directes qui pèsent sur eux.

De fait, selon des sources officielles congolaises, l’armée rwandaise a mené ou soutenu des frappes lourdes dans plusieurs localités de la province du Sud-Kivu dès le lendemain de la signature.

M23 exclu de l’accord, motivé par des objectifs de contrôle territorial et économique

Le groupe rebelle — souvent qualifié de « soutenu par Kigali » — ne s’est pas engagé à déposer les armes. Pour lui, l’accord ne le concerne pas, ce qui lui laisse toute liberté pour poursuivre son offensive.

De plus, la prise d’Uvira — un port stratégique sur le lac Tanganyika, proche de la frontière avec le Burundi — illustre l’importance stratégique et économique de la région. Le contrôle des territoires riches en minerais — or, coltan, cobalt — reste une motivation majeure, ce que l’accord peinait à adresser de façon crédible.

Effondrement du dispositif de défense congolais dans plusieurs zones

L’entrée pacifique de M23 à Uvira, après le repli des forces gouvernementales et de leurs alliés, montre l’ampleur du redéploiement de l’armée congolaise. Ce type de recul avait déjà été observé lors de la chute de villes comme Goma ou Bukavu plus tôt cette année.

Un accord théorique — une réalité chaotique

L’exemple d’Uvira illustre la limite cruciale de l’accord : un texte diplomatique ne pèse pas toujours sur les milices armées qui contrôlent le terrain. Peu après la signature à Washington, l’offensive de M23 s’intensifie, tandis que la population civile paie le prix fort — déplacements massifs, insécurité, peur, chaos.

Pour beaucoup, l’accord apparaît désormais comme un « accord de papier » — une initiative internationale symbolique qui n’a pas su s’imposer face à la dynamique militaire et aux intérêts terrestres dans l’est de la RDC.

 

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